Biographie
Un parcours républicain
Quelques mois après mon élection à la mairie de Limoges, la revue « Généalogie en Limousin » (n°89, été 2015) présentait mes « quartiers » et consacrait à cette occasion un article à mon enfance. Je le reproduis ici avec l’aimable autorisation de sa direction.
Le 30 mars 2014, la liste conduite par le psychiatre Emile Roger LOMBERTIE, remportait à la surprise générale les élections municipales de Limoges face à celle du maire sortant, Alain Rodet, maire de la ville depuis 1990. Quelques jours plus tard, sorti de son « anonymat politique », ce « fils de paysans », revendiquant ses origines rurales, devenait maire de Limoges, le premier maire élu de la droite locale depuis plus d’un siècle.
Comme nous l’avons déjà fait pour d’autres personnalités politiques, il nous a paru intéressant de montrer quelles étaient exactement ces origines.
Une famille d’agriculteurs et de petits artisans
Géographiquement, elles se situent pour l’essentiel dans le sud-ouest de la Haute-Vienne, se répartissant principalement en deux secteurs : l’un autour de Nexon – le patronyme Lombertie provenant d’un village éponyme de cette commune – l’autre autour de Champagnac-la-Rivière, Oradour-sur-Vayres, Saint-Laurent-sur-Gorre, Rochechouart, aux confins de la Haute-Vienne, de la Charente et de la Dordogne… Des secteurs où de nombreuses familles ont été déjà bien étudiées, ce qui nous a permis de « remonter » sans trop de difficultés une grande partie de cette ascendance, notamment grâce aux études de familles publiées dans la collection « Terre de nos Ancêtres ». Socialement, la plupart des ancêtres d’Emile-Roger Lombertie étaient agriculteurs ou petits artisans, se rattachant pour certains à quelques familles de la petite bourgeoisie rurale.
Un grand-père gaulliste, l’autre communiste
Pour sa part, le nouveau maire de Limoges, qui a pris connaissance de cette généalogie avec beaucoup d’attention et nous a permis de la publier, a eu un parcours assez exceptionnel mais qui ne le prédestinait en rien à devenir un jour maire de la capitale régionale. Premier né d’une fratrie de quatre enfants, le Dr Emile Moins, après un accouchement difficile, aurait déclaré « je viens de mettre au monde un futur médecin »… Et on lui donna le prénom du médecin, Emile. Ce fils d’agriculteurs a passé toute son enfance à la ferme familiale, à Champagnac-la-Rivière : « J’ai vécu entre le représentant du syndicat des agriculteurs propriétaires qu’était mon grand-père Pierre Lombertie, installé au Puy de Champagnac, et celui du syndicat des métayers, mon grand-père maternel, Jean Vaudon ». L’un était gaullliste, l’autre communiste, et c’est d’eux qu’il dit avoir hérité certains traits de caractère : une grande ténacité, l’envie de construire, l’amour des gens, le respect de l’histoire, une grande ouverture d’esprit…
« L’ascenseur social » de la République
Exemple d’une réussite passée par « l’ascenseur social de la République », Emile-Roger Lombertie a d’abord été élève à l’école communale de Champagnac, et dit devoir beaucoup à ses instituteurs d’alors : « J’étais un enfant hyperactif, plutôt taquin et dissipé. Ils m’ont appris l’art d’apprendre et de travailler… Parallèlement j’étais aussi enfant de chœur et la catéchèse m’a également beaucoup apporté, aux côtés de l’abbé Marvaud ». Il poursuit ensuite sa scolarité sur les terres de ses ancêtres, à Oradour-sur-Vayres d’abord (6e-5e) puis à Nexon (4e-3e), avant d’entrer au lycée Gay-Lussac à Limoges. « Je m’y occupais notamment de la coopérative scolaire. Après une terminale D2 j’ai passé le bac en 1970 dans des conditions difficiles, avec les oreillons !... Certains de mes professeurs voyant en moi un « feignant intelligent » m’ont encouragé à faire Médecine. ».
Etudes et travail de front
Lorsqu’il retrace son parcours, Emile-Roger Lombertie évoque avant tout les rencontres, souvent déterminantes, qui l’ont jalonné. « Durant toute cette période, j’ai mené de front mes études et le travail de la ferme, avec un mois de voyage par an, entre copains, entre 20 et 25 ans. J’ai aussi été animateur de colos pour la ville de Limoges, où j’ai fait la connaissance de Denise Grimaud et appris des choses très intéressantes, notamment la façon de Louis Longequeue d’envisager le travail de la ville, pour lequel j’ai beaucoup de respect ». Devenu psychiatre, il participe au développement du système de santé à Limoges, notamment aux côtés des professeurs Baudet, Caix et Bouquier, ce dernier l’accompagnant contre vents et marées dans ses travaux de lutte contre les toxicomanies. Une autre rencontre déterminante fut celle de Jean-Marie Léger, un pionnier de la psychogériatrie : « il m’a permis d’exploiter quelque chose de génétiquement naturel que possédait aussi mon grand-père Jean Vaudon, le goût du contact, une vision simple et chaleureuse de l’être humain ».
« Issu de la société civile »
Avec une même vision d’excellence pour Limoges et le Limousin, pour créer, construire et innover, il participe à la mise en place d’expérimentation et au développement à Limoges d’une psychiatrie moderne. Au CHS Esquirol, il contribue à rénover totalement l’outil aux côtés de Jean-Marie Chouzenoux puis d’Antoine Pacheco. Plus récemment, c’est une autre rencontre, celle de Guillaume Guérin, qui l’entraîne à se lancer en politique : « Je ne supportais plus le fonctionnement en place à Limoges »… Néophyte total en politique, et peut-être justement parce qu’il est issu de la « société civile », il réussit là où tous les candidats de la droite locale avaient échoué depuis plus d’un siècle, en faisant basculer « Limoges la Rouge », sans jamais avoir été élu auparavant.
« Je dois beaucoup aussi à celle que j’ai rencontré en 1969, avec qui j’ai eu deux enfants et qui m’a toujours accompagné et soutenu dans les moments difficiles, pour la rédaction de ma thèse, la préparation aux concours, l’organisation de congrès et tout simplement dans la vie. Une compagne toujours présente, un soutien moral permanent, qui m’a encouragé à me présenter à cette élection ».
Evoquant ainsi une vie émaillée de belles rencontres, de vraies amitiés nouées de par le monde au fil de nombreux voyages, Emile Roger Lombertie se dit avant tout curieux par nature, mais curieux dans le bon sens, pour apprendre : « une ouverture d’esprit qui doit beaucoup à mes deux grands-pères ».