Les fondamentaux d’une équipe
Texte introductif prononcé le 28 juin lors du conseil municipal de la Ville de Limoges :
"Mes chers collègues,
Dans le numéro de « Vivre à Limoges » du mois de mai, nos collègues de l’opposition socialiste ont déploré notre modestie, notre discrétion même, à dresser un bilan de notre action à mi-mandat.
Nous étions en campagne pour l’élection présidentielle ; gauche et droite traversaient alors cette crise qui s’est conclue un mois plus tard par les funérailles du Parti Socialiste en Limousin et ailleurs, mais nos opposants ne pensaient qu’à une chose : le bilan
Cette impatience – dont je tiens ici à les remercier – m’a incité à relire un document fort intéressant, « Limoges 2025 », paru quelques mois avant l’élection municipale de 2014.
Conçu et édité – avec quelques problèmes me suis-je laissé dire – par nos prédécesseurs, on pouvait y lire
combien l’action publique demande du temps….
combien ce temps administratif est indispensable pour élaborer et faire naître les projets…
le rédacteur de cet intéressant document n’hésitant pas à invoquer, je cite, « les décennies » nécessaires pour rénover le centre-ville.
Et aujourd’hui, trois ans après notre élection mes chers collègues, les mêmes qui expliquaient à nos concitoyens qu’il faut laisser du temps au temps, pour reprendre une expression du Président Mitterrand, nous demandent un bilan. Encore une fois, cette impatience les honore même si elle est franchement déplacée !
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Car dresser un bilan ce soir serait absurde.
On ne dresse pas de bilan à mi-mandat. Mieux : quand on est honnête et qu’on en a jamais fait, on n’en réclame pas non plus.
Car, de mémoire d’agent municipal mes chers collègues, nos prédécesseurs nous demandent aujourd’hui un exercice auquel ils ne se sont jamais livrés…. J’ai vérifié.
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Cela dit, qu’il me soit permis de rappeler 5 axes forts de la politique que nous avons mise en œuvre et les premiers résultats qu’elle enregistre.
Premier axe, la modernisation de la ville, de son fonctionnement et la transparence que nous devons à nos concitoyens. En 2014, nous avons trouvé une administration compétente et motivée mais figée dans des processus et des méthodes datant des années 80 du siècle dernier.
En matière de gestion financière, nous avons ainsi :
introduit les AP-CP (autorisations de programmes, crédits de paiement),
adopté la segmentation des politiques publiques et, pour la première fois en décembre 2016, voté le budget 2017.
Parallèlement, nous avons réorganisé l’administration de la ville, regroupé des services auparavant divisés en chapelles clientélistes et rapproché la mairie de nos concitoyens.
A cet effet, nous avons créé 8 antennes qui se sont rajoutées aux annexes de Landouge et Beaune-les-Mines et qui ont été sollicitées à ce jour plus de 20.000 fois par les Limougeauds qui y trouvent de nombreux services.
Enfin, Limoges est la seule ville de France de plus de 100.000 habitants à avoir signé la charte ANTICOR et créé une « commission éthique et transparence » dans laquelle l’opposition siège et dont je respecte et suis les avis, même au détriment de ma propre majorité.
Dernier détail mais significatif à la fois de notre volonté de transparence et de votre incapacité à l’avoir mise en œuvre : nos débats sont filmés, retransmis en direct sur internet et archivés sur le site de la ville.
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Deuxième axe fort de notre politique, la « requalification urbaine » de Limoges. Là où nos prédécesseurs – je vous le rappelais en début d’intervention – invoquaient les « décennies » nécessaires à sa mise en œuvre, nous avons pris le problème à bras le corps.
Au bout de trois ans, nous venons de terminer les rues piétonnes du centre-ville (avec le concours de Limoges Métropole), de rénover et de « repeupler » de commerçants la halle Carnot. Nous débutons la restructuration des halles centrales en janvier et nous avons présenté un projet de transformation de la place de la République à nos concitoyens qui a été très bien accueilli.
Nous prenons le temps nécessaire pour peaufiner les études et ne rien négliger des impacts que cette rénovation va produire sur le centre-ville. Il n’est pas question de reproduire place de la République les erreurs du demi-grand stade de Beaublanc et de sa conception « foireuse » - pardonnez-moi le terme, mais il n’y en a pas d’autres - que les contribuables limougeauds payent et doivent aujourd’hui, tant en malfaçons qu’en charges d’entretien, à nos prédécesseurs.
J’évoque le centre-ville mais je pourrais tout aussi bien citer :
Les études que nous menons à Marceau pour la création d’un éco-quartier et l’implantation d’un centre de congrès ;
les investissements dans les écoles – deux millions d’euros par an. Nous rouvrons ainsi à la rentrée le restaurant scolaire de Montmailler que vous aviez fermé il y a quelques années au détriment de 250 enfants du primaire et rénovons pour le mettre aux normes cet été celui de La Bastide qui concerne 380 enfants;
La Bastide toujours où la ville conduit l’opération de rénovation urbaine la plus importante que ce quartier ait jamais connue aux cotés de Limoges Métropole, de l’ANRU et de Limoges Habitat ;
Ou encore les investissements que nous effectuons au Val de l’Aurence, à Beaubreuil et à ceux auxquels nous travaillons dans le cadre du NPRU qui sera lancé dans ces quartiers ainsi qu’au Vigenal, aux Coutures et aux Portes Ferrées.
Dernier détail mes chers collègues mais qui montre que nous sommes sur la bonne voie : la ville de Limoges vient d’obtenir d’un jury international composé d’urbanistes, d’architectes, de professionnels privés et publics le grand prix du SIATI pour sa politique urbaine à court, moyen et long terme. Je n’ai pas souvenir, mais je me trompe peut-être, que cela soit arrivé du temps de nos prédécesseurs.
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Troisième politique de notre majorité : la sécurité de nos concitoyens.
Nous avons plus que doublé les effectifs de la police municipale – 66 agents et cadres aujourd’hui -, créé une brigade canine, armé et équipé de gilets pare-balles les policiers et étendu leurs horaires la nuit et le dimanche.
Nous avons implanté plus de 60 caméras de vidéo-protection reliées à un centre de supervision urbaine. Les 8 premiers mois, le CSU est intervenu près de 1100 fois pour signaler des problèmes de comportement et des incivilités sur la voie publique, et ses images réquisitionnées près d’une cinquantaine de fois par la justice.
Parallèlement nous avons regroupé dans une seule direction des services autrefois dispersés et avons recentré les missions de la Police Municipale de façon qu’elle travaille en liaison étroite avec la Police Nationale. Les résultats sont là : au 31 décembre dernier, la Police Municipale comptait près de 6000 interventions – 5912 exactement – à son actif et avait procédé à 193 mises à disposition de contrevenants à la Nationale.
Le travail de notre PM est aujourd’hui unanimement salué. Face à ce qu’il faut bien appeler la frilosité de la direction de la Police Nationale à Limoges - frilosité qui se traduit par des tentatives de désengagement sur le terrain - nos agents assument de plus en plus les missions d’une véritable police de proximité.
Nous avons ainsi renforcé les patrouilles pédestres en centre-ville ; nos policiers prennent en compte tous les problèmes qui leur sont signalés, même ceux qui peuvent paraître bénins et multiplient les opérations de prévention avec l’Education Nationale et avec les jeunes en général. Enfin, nous travaillons actuellement à la création d’une cellule anti-radicalisation.
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Le quatrième axe de notre politique découle, d’une certaine façon, des trois premiers. Une ville, on l’oublie parfois, doit avant tout intégrer ses habitants dans un ensemble harmonieux et sain. Limoges compte neuf quartiers éligibles au titre de la politique de la ville, autrement dit neuf quartiers où vivent les moins aisés et les plus fragiles de nos concitoyens.
C’est pour cela que, dès 2014, j’ai voulu et impulsé une politique de santé publique qui prenne en compte tout ce qui peut contribuer à améliorer la santé des Limougeauds et qui nous permette d’agir de façon efficace sur les déterminants de santé.
C’est le contrat « Limoges ville santé citoyenne » signé en avec l’agence régionale de santé et d’autres partenaires institutionnels et privés.
Bien entendu, cette politique passe en premier lieu par les enfants. Dans cette optique :
Nous avons réduit la consommation de sel dans les restaurants scolaires et formé le personnel en ce sens. A la fois pour que les enfants retrouvent le goût des aliments mais aussi parce que le sel à haute dose est néfaste pour la santé. En 2016, la consommation de sel a chuté de 59% dans nos restaurants scolaires. Nous allons maintenant nous attaquer au gras et au sucre.
Toujours dans les écoles, nous avons entrepris de détecter systématiquement le plomb dans les peintures et les revêtements muraux et commencé à les traiter, ce qui n’avait jamais été fait auparavant.
Nous avons lancé, à Joliot-Curie, la première expérience en France de crèche sans perturbateur endocrinien. Là aussi nous avons formé les personnels – qui à leur tour sensibilisent les parents – et avons mis en place toute une série de procédures pour éliminer ces perturbateurs, quand c’est possible. C’est un travail considérable.
Nous avons abattu près de 150 arbres plantés par nos prédécesseurs dans les cours d’écoles et de crèches en raison de leur fort pouvoir allergène et les avons remplacés par des essences neutres. Avec le même objectif, nous avons créé au Jardin botanique de l’Evêché un « pollinarium sentinelle ». il permet d’anticiper les pollinisations et de prévenir le corps médical pour qu’il traite les patients en amont.
Toujours dans le domaine de la santé, je pourrais encore citer la reconstruction de l’Ephad Marcel Faure pour nos anciens
la création avec l’ARS Nouvelle-Aquitaine d’un Conseil Local en santé Mentale…
la négociation en cours avec la même ARS du prochain Contrat Local de Santé qui expérimentera toute une série de nouvelles politiques…
ou encore le soutien attentif de la ville à toutes les initiatives sociales : je pense ici à l’épicerie sociale et solidaire que nous avons créée et qui vient d’être félicitée par l’Etat ou encore le dispensaire social porté par l’ordre de Malte. La liste est longue et je pourrais continuer longtemps.
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Cinquième et dernier point que je voudrais aborder ce soir, la politique de redynamisation du centre-ville. Je vous ai parlé de la requalification urbaine que nous avons entreprise dans les rues piétonnes, les halles Carnot et Centrales et sur la place de la République. Elle est l’élément d’un tout qui passe également par des animations dédiées et une politique de la circulation.
Les animations, vous les connaissez : le marché de Noël et ses 600.000 visites enregistrées l’année dernière bien entendu mais aussi les autres parmi lesquelles « les journées limousines », « le forum des associations », « Toques et Porcelaines » ou, cette année, « le tour de France moto » qui établira ses quartiers pendant deux jours au Champ de Juillet.
La politique de la ville est claire : nous acceptons et soutenons d’une façon ou d’une autre toutes les manifestations qui font vivre le centre-ville qu’elles soient publiques ou qu’elles émanent de partenaires associatifs ou privés.
Cette volonté induit également une politique de la circulation.
Quand je dis circulation, je ne pense pas uniquement aux voitures.
Je pense également aux transports en commun, aux piétons, aux cyclistes, bref à toutes les circulations, motorisées ou douces, qu’il s’agit de faire cohabiter le plus harmonieusement possible.
Nous travaillons ainsi sur un schéma des mobilités urbaines qui désengorgera à terme l’hyper-centre du trafic automobile – je dis désengorger, pas supprimer. La première étape de ce schéma entrera en vigueur le 8 juillet prochain avec la mise en sens unique de la place des Bancs depuis la rue Vigne-de-Fer jusqu’au boulevard Gambetta et coïncidera avec le retour du marché sur la place.
Ce schéma des mobilités s’appuie sur un schéma directeur du stationnement payant que nous avons mis en place parce que vous n’avez pas eu le courage de le faire.
Je l’assume totalement car il nous permet aujourd’hui d’augmenter le nombre de places en centre-ville…
d’optimiser le remplissage des parcs de stationnement en périphérie…
et, demain, de retrouver des marges de manœuvre sur l’espace public pour d’autres usages que la voiture. Je pense aux terrasses, aux piétons et aux cycles notamment, mais aussi –tout est lié – à la qualité de l’air, à la diminution du bruit en ville, en un mot à la protection de l’environnement en milieu urbain.
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Voilà, mes chers collègues. Comme je vous le disais en début de soirée, ceci n’est pas un bilan. Juste un bref aperçu, je dis bien un bref aperçu, de ce que nous avons entrepris depuis trois ans. Si j’avais du dresser un premier bilan, j’aurais pu évoquer et détailler, par exemple :
la territorialisation de la politique municipale en termes d’habitat,
le dépôt du dossier « ville créative UNESCO » et le jalonnement céramique que nous mettons en œuvre ;
l’extension des horaires de la BFM et plus généralement le maintien d’une politique culturelle différente de la vôtre ;
la valorisation des berges de Vienne et la re-création d’une continuité écologique au Lac d’Uzurat et sur le cours de l’Aurence ;
la révision du P.L.U,
le sauvetage du Conservatoire à rayonnement régional,
la fin de certains gaspillages éhontés à la mairie et la rationalisation des coûts de fonctionnement de l’administration : savez-vous que nous avons ainsi vendu plus d’une centaine, je dis bien une centaine, de voitures et autres véhicules dont la plupart ne roulaient que très peu, voire quasiment jamais ?
la réorganisation et la refonte des subventions aux associations :
d’une part en fonction de la réalité de leur action au service des Limougeauds et du matelas financier que certaines avaient accumulé ;
d’autre part en raison de la baisse des dotations mise en œuvre par le gouvernement que vous avez soutenu sans faiblir pendant cinq ans au détriment des intérêts de votre ville ;
Bref ces dizaines d’actions que nous avons – avec l’aide et la compétence des services que je remercie publiquement ici ce soir – voulues, impulsées et dont nous rendrons fidèlement compte aux Limougeauds quand l’heure sera venue.
Car, mes chers collègues, je le dis et je le répète : ceci n’est pas un bilan… même si nous pouvons être légitimement fiers du chemin parcouru en trois ans ! En attendant, le travail continue au service de nos concitoyens.
Je vous remercie."