80ème anniversaire de la Libération de Limoges
Retrouvez ci-dessous mon discours, prononcé à l'occasion du 80ème anniversaire de la Libération de Limoges le mercredi 21 août 2024 :
"Monsieur le Préfet,
Mesdames et messieurs les parlementaires ;
Mesdames et messieurs les élus régionaux ;
Mesdames et Messieurs les élus départementaux ;
Monsieur le président de Limoges métropole ;
Mesdames et messieurs les maires, les élus municipaux et les élus communautaires ;
Mesdames et messieurs les représentants des autorités religieuses, civiles et militaires ;
Chères Limougeaudes, chers Limougeauds,
Mesdames, Messieurs,
Souvenons-nous de cette période tragique de l’histoire de notre ville, elle nous oblige et nous engage à lutter pour notre liberté et notre civilisation.
Le discours du 18 Juin 1940, n’est pas un mythe « Il a bel et bien existé » nous dit Julian Jackson, « et ce qui compte est qu’il ait été prononcé…. Il est la première voix à s’opposer publiquement à l’idée de l’armistice en France et à livrer non seulement un appel moral mais des arguments qui expliquent pourquoi tout n’est pas perdu : il en appelle au cœur et à la raison ». Cet appel fondera la légitimité ultérieure sur laquelle Jean Moulin (dont un édifice et une esplanade portent le nom, à Limoges, depuis 2023) réunira toutes les tendances de la résistance de l’intérieur au sein du CNR. Cette organisation permettra au général de Gaulle d’éviter l’AMGOT et d’engager la refondation de la nation et de la République Française à partir de juillet 1944. Ce discours fait suite à la débâcle qui marque la déficience de notre état-major et l’impéritie des politiques englués dans un pacifisme aveugle au développement belliqueux et expansionniste de l’Allemagne National Socialiste. Avec les pleins pouvoirs votés au Maréchal Pétain va se mettre en place un régime qui, au fil du temps, deviendra de plus en plus collaboratif avec l’occupant tortionnaire. L’Union Soviétique qui se croyait à l’abri grâce au traité Germano-Soviétique, subira, elle, l’année d’après, les foudres des armes qu’elle aura permis aux Allemands, d’expérimenter sur son sol. Lorsque Georges Guingouin gagna progressivement la résistance puis la clandestinité malgré l’interdiction de Duclos ; Maurice Thorez était lui déjà parti soutenir le camarade Staline à Moscou depuis le 4 octobre 1939. Juin 1940-mai 1945 suivra la prophétie de Winston Churchill : « nous n’avons rien à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur. » en précisant : « Pour quel objectif ? » De répondre en un mot : « la victoire, la victoire à tout prix en dépit de tout, aussi longue que soit la route car, sans la victoire, il n’y a pas de survie ». Churchill et De Gaulle avaient tous les deux compris les risques liés au fascisme national socialiste avec son cortège totalitaire et expansionniste, génocidaire programmé, antisémite et promoteur d’un homme nouveau issu d’une race Aryenne pure dont toutes les minorités seraient exterminées.
Nous sommes aujourd’hui réunis pour rendre hommage aux femmes et aux hommes qui, entrés en résistance au péril de leur vie, libérèrent Limoges, il y a maintenant 80 ans, le 21 août 1944. Rappelons-nous le débarquement le 6 juin 1944 en Normandie et la barbarie de la division SS Das Reich à Tulle le 9 juin en représailles aux évènements liés à la libération de la ville et le massacre d’Oradour Sur Glane le 10. Terroriser, détruire, massacrer, bruler, pendre la population civile : quand l’idéologie fait oublier l’humanité.
La Résistance était sur le qui-vive, et notamment dans nos maquis du Limousin. Limoges restait occupée par les troupes allemandes.
Les troupes du Maquis procédèrent à l’encerclement de Limoges, dans l’objectif de négocier la reddition allemande mais aussi de repousser le bombardement allié de la ville.
A ce titre, je tiens à rendre un hommage tout particulier à Philippe LIEWER (alias Major STAUNTON) et à Jean D’ALBIS, qui contribuèrent grandement au succès des négociations du 19 août 1944. Elles aboutirent à la reddition de la garnison allemande qui occupait Limoges.
A la tête de ses troupes, Georges GUINGOUIN, entra à pied dans Limoges et mit fin à l’occupation allemande de la ville. La victoire tactique au Mont Gargan qui lui permit de récupérer les armes parachutées et la détermination du « préfet du maquis » à protéger ses troupes et la population amenèrent une reddition sans effusion de sang ni destruction de la ville. C’est ainsi que le 21 août au soir, Limoges fut libérée ; les maquisards accueillis en héros par la foule limougeaude.
L’histoire de ces courageuses et courageux combattants doit éclairer nos esprits et nos cœurs, afin de nous montrer le chemin à suivre : il ne faut jamais renoncer à ce qui nous est le plus cher, à savoir la liberté.
Albert Camus disait que « la liberté n’est pas un don, elle se conquiert. C’est une exigence et une responsabilité ».
La liberté … Voilà notre exigence ! La sauvegarder en va de notre responsabilité.
Nos maquisards réussirent à faire survivre la flamme de la Résistance et de l’espoir, celle dont De Gaulle disait qu’elle ne s’éteindrait jamais.
Souvenez-vous, Georges GUINGOUIN surnommé Raoul et le préfet du maquis deviendra maire de Limoges, succédant au Dr Chadourne nommé à la suite de la libération de la ville. Elu en avril 1945, il sera renversé deux ans plus tard par l’alliance de ceux qui avaient voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain et ceux qui étaient censé représenter le camp de l’opposition à l’armistice. Grandeurs et misères rythment toujours la vie politique ! au début des années 50, pour mieux détruire cette image de libérateur de Limoges, Georges Guingouin se verra victime d’accusations iniques et d’une terrible machination. Il sera défendu et réhabilité par Roland DUMAS, avocat brillant, résistant aux côtés de son père Georges qui fut arrêté par la Gestapo et exécuté à Brantôme.
Disparu récemment, je tiens à honorer la mémoire d’un homme d’envergure, enfant de Limoges et revenu pour l’éternité dans sa ville natale, auprès de son père. Intellectuellement brillant, à la fois incisif et passionné, sa carrière politique le conduisit de député à président du Conseil Constitutionnel en passant par ministre d’Etat.
La spirale infernale de la guerre revient à nous aujourd’hui. Elle doit être considérée comme une réalité nous poussant à agir, si nous ne voulons pas revivre les affres du passé. A l’image de la mémoire de nos résistants passés qui refusèrent toute compromission, nous ne devons accepter aucun défaitisme, aucun renoncement.
Comme une lanterne dans les ténèbres, les valeurs républicaines : Liberté, égalité et fraternité, doivent guider nos actions, pour enrayer ce tourbillon de brutalité, de haine, de violence, de colère et de renoncements qui nous affaiblissent. Ensemble ayons le courage d’être unis contre nos travers idéologiques pour être forts. Si nous voulons entrevoir un avenir heureux pour nos enfants, il est primordial de faire vivre nos valeurs communes.
A la mémoire de nos résistants, de nos libérateurs :
Pour que vive Limoges ; pour que vive notre République ; pour que Vive la France !
Mesdames et Messieurs, je compte sur vous et vous remercie."
Émile Roger LOMBERTIE
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