Nous, élus de grandes villes et métropoles appelons l’État au respect et à engager un dialogue réel.
Ce texte a été signé par une cinquantaine d’élus de grandes villes et métropoles. Parmi lesquels Johanna Rolland, Présidente de Nantes Métropole, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et Président de Toulouse Métropole, Éric Piolle, maire de Grenoble, François de Mazières, maire de Versailles et bien d’autres. Il a été publié par le journal Ouest France et exprime notre sentiment sur les coupes budgétaires que le Gouvernement va pratiquer au détriment des collectivités locales.
Notre pays, comme une large partie du monde, traverse une série de crises majeures : urgence climatique, crise démocratique, crise économique, crise du logement, hausse de la précarité. Face à cela, les grandes villes et métropoles résistent. Elles mettent en place des plans climat pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux conséquences du dérèglement climatique qui sont déjà là. Elles investissent pour les mobilités décarbonées de demain ou pour l’enseignement supérieur et la recherche. Elles soutiennent la création culturelle. Elles se mobilisent dans l’éducation de nos enfants en organisant des activités périscolaires de qualité. Elles redonnent confiance dans l'action publique grâce à une démocratie de proximité qui retisse les liens sociaux. Elles luttent contre les déserts médicaux et s’engagent pour résorber la grande précarité. Elles contribuent à la sécurité des habitants en renforçant les polices municipales.
Ce ne sont là que des exemples divers et non exhaustifs de l’ampleur de l’investissement des grandes villes dans le quotidien de leurs habitants. On pourrait rétorquer qu’elles ont la chance de pouvoir mener de tels projets grâce aux ressources dont elles disposent. Il ne faut jamais oublier que ces grandes villes rendent des services qui dépassent largement les frontières de leur territoire. Les habitants des zones rurales ou périurbaines bénéficient des services publics métropolitains qui sont d’ailleurs aussi pensés pour eux que ce soit pour la santé, l’éducation, la formation, l’emploi, la culture.
Au regard du nombre de missions auxquelles s’attellent les collectivités territoriales, les attaques venant de l’État central sur une supposée "mauvaise gestion" des finances publiques locales sont aussi inacceptables qu’infondées. Rappelons que les budgets des collectivités doivent être à l’équilibre. Contrairement à l’État, elles ne peuvent s’endetter pour les dépenses de fonctionnement, mais seulement pour financer l’investissement.
Ces investissements représentent 70 % des investissements publics civils constituant un véritable pilier de l’économie. Pourtant, en 30 ans la part de la dette des collectivités locales dans le PIB est restée stable autour de 9 % pendant que la dette de l’État hors sécurité sociale est, quant à elle, passée de 29 à 89 %. Et ceci n’est pas seulement imputable au « quoi qu’il en coûte » du Covid, mais aussi à des choix politiques intervenus au niveau de l'État, comme la récente suppression de la CVAE qui faisait partie des recettes de fiscalité locale.
Parallèlement, ce sont des pans entiers de l’action publique qui ont été soumis à d’importantes coupes budgétaires. C’est le cas de la culture qui a perdu 200 millions d’euros de budget ou encore du périscolaire qui pourrait perdre son enveloppe dédiée alors même que des engagements avaient été pris et que les collectivités se sont engagées sur le long terme. Le fonds vert pourrait être amputé de 60 % alors que l’urgence écologique, elle, ne recule pas.
Et comme si cela ne suffisait pas, le Gouvernement vient demander aux collectivités locales de contribuer à hauteur de 5 milliards d’euros, a minima, au redressement des comptes publics. Les conséquences d’une telle mesure seraient dramatiques en matière d’investissement public au moment où le pays en a tant besoin.
Qui plus est la volonté du Gouvernement de concentrer la demande d’effort sur les 450 plus grandes collectivités est incompréhensible.
Aurait-il oublié que deux tiers des Françaises et des Français en situation de pauvreté résident dans les grandes agglomérations ? Ils ont besoin des services publics que nous assurons.
C’est pourquoi, France urbaine a dénoncé la méthode brutale et l’ampleur des mesures annoncées inacceptable. Nous demandons au Gouvernement d’engager un réel dialogue.
La pérennité d’un service public local ne peut se faire qu’à condition d’une mobilisation réelle et collective pour construire du commun et préparer un avenir durable. L'État, les collectivités locales et les citoyens doivent travailler main dans la main pour garantir la stabilité de ces services. Cela implique une confiance qu’il nous semble indispensable de retrouver sous peine d’abîmer encore un peu le rapport entre les Françaises et les Français et leurs institutions.
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